Allons boire un verre avec les animateurs !

Chaque semaine, 1 animateur de plus nous contacte pour rejoindre Musique pour Tous. Notre petite équipe s’est alors mise à cogiter pour trouver un moyen de “former” au plus vite tous ces musiciens passionnés pour leur faire rejoindre l’équipe et qu’on puisse faire un maximum d’ateliers rapidement ! Faire beaucoup, le faire vite et le faire bien… Un enjeu de taille qu’on a décidé de relever ! On a donc demandé à Aurélie de nous écrire une méthode de formation à distribuer à tous les nouveaux pour ne pas qu’ils soient perdus au premier atelier, et puis surtout pour nous permettre de nous améliorer sur notre travail avec les jeunes.

On commence donc par recueillir des conseils et informations auprès de ceux qui sont déjà animateurs Musique pour Tous. Arnault nous raconte :

“J’ai donné rendez-vous à Philippe, Mix et Pauline Arnault un jeudi en fin d’après-midi dans un café de Paris. Autour d’une petite bière et sous le soleil d’avril, le débat fut très instructif ! J’ai commencé en leur demander quelles étaient les meilleures approches pour accrocher les jeunes et leur apprendre des trucs. Pour Philippe, animateur depuis 2 ans, la réponse est simple : la passion :

“ – Les morceaux de Blues, c’est le mieux pour apprendre. C’est facile à jouer, et puis ça rend d’enfer ! Bon j’avoue que moi je suis fan de blues donc ça a un peu fait pencher la balance en sa faveur… Mais regarde, ils ont joué à la fête du quartier, et ça s’est super bien passé !

– Vous avez joué quoi ? S’empresse alors de demander Mix

– Euh… Knockin’ on Heaven’s Door version Gun’s and Roses et Johnny B Goode de Chuck Berry. Ils étaient vraiment totalement à fond sur Knockin’ on Heaven’s Door,et puis pour Chuck Berry, eh ben c’est l’actualité… Il est mort cette année et pour moi c’était important de les sensibiliser à ces grands acteurs de l’histoire de la musique.

– Ils sont combien avec toi ? Demanda Pauline

– Ils sont 4, entre 15 et 17 ans !

– Et tu arrives à les tenir en haleine pendant tout l’atelier ? Demande alors Mix

– J’essaie de faire varier les morceaux au sein d’une séance. Et puis je créé des jeux pour les stimuler.Tu vois par exemple je leur demande de bouger les doigts sans regarder la guitare et d’un coup je dis “Top ! Fais-moi un ré !”, et je donne des points à ceux qui y arrivent ! C’est simple mais ça marche vraiment pas mal ! Faut pas oublier que ce sont des enfants, les jeux ça marche toujours.

– C’est géant ! Je m’esclaffe devant tant d’ingéniosité

– Et puis pareil, pour faire varier les plaisir, je leur faire bosser des rythmiques différentes. Par exemple, je fais 30 minutes de Bob Dylan, puis 30 minutes d’un autre morceau. Je pense que c’est plus pertinent de tourner, de leur faire faire plusieurs morceaux plutôt qu’ils galèrent trop longtemps sur un passage qu’il n’arrivent pas à améliorer.

– Avec Léo, on sent qu’ils galèrent à faire leurs gammes, ajoute Pauline, donc on met tous les jeunes (ils sont généralement entre 4 et 9) devant le piano et on les fait faire leurs gammes pour qu’ils s’entraînent à faire passer le pouce sous les autres doigts. C’est amusant, ils n’arrivent vraiment pas à le faire !

– Oui c’est marrant de constater qu’ils galèrent sur des choses qui nous semblent presque évidentes, commente Mix

– Carrément, répond Pauline, mais du coup je leur fais jouer des trucs plus simples de temps en temps, comme seven nation army par exemple !

– Les plus âgés sont plus sensibles à la qualité du son, alors que les plus jeunes s’en foutent et ils grattent ! Fort même ! Philippe se marre.

– Haha oui c’est vrai ça, confirme Mix

– Je les rends perfectionnistes : je leur indique ce qui est bien et ce qu’il faut impérativement améliorer… Et ils me font un super travail ! A force d’insister c’est parfait, nous déclare Philippe”

Je note que Pauline ne parle pas beaucoup mais est très attentive au travail de ses aînés. Je me dis que cette réunion était donc effectivement une bonne idée ! Elle demande d’ailleurs au groupe comment elle gère les décalages de niveau entre élèves:

“- Ben c’est vrai que moi par exemple, j’ai le grand frère, qui a 7 ans, et la petite soeur, qui a 6 ans. Le frère avance 2 fois plus vite, tant sur les accords que sur la mélodie. De l’autre côté, la petite s’ennuie très vite, donc  je ne lui fais jouer que de courtes mélodies, sur une seule corde. Sinon elle décroche de toutes façons !

  • Et pour le tutoiement, tu gères comment ? S’interroge Pauline, à l’intention de Philippe
  • Oh moi je préfère qu’on se tutoie. Et franchement ça paye, ça instaure directement une relation de confiance entre nous. D’ailleurs, je leur ai montré des vidéos de scènes ouvertes et de concerts que j’avais moi-même fait et ils étaient bien plus captivés que lorsque je leur montre des vidéos Youtube, très impersonnelles !”
  • Oui c’est sûr que c’est mieux quand on fait des choses plus personnelles, confirme Blaise, d’ailleurs, moi je les ai aidés à écrire une chanson ! Attends, les paroles ça fait quoi déjà? Ah oui voilà :

“A 13 pour Tous,

Tous les mardi soirs,

On apprend à jouer de la guitare,

On joue pas comme des canards,

On joue aussi vite que des guépards,

Avec notre groupe de superstars.””

Il met beaucoup de coeur dans sa chanson, ça nous fait tous rire, surtout quand on pense aux paroles !

“- Moi je leur ai fait jouer Woody Watter de Manish Boys (https://youtu.be/w5IOou6qN1o) et ils ont adoré, ils apprenaient super vite ! S’enthousiasme Philippe. Après, c’est sûr qu’il y en a qui viennent pour apprendre et d’autres juste parce que ça leur change et qu’il y a une bonne ambiance. Mais on parle essentiellement et c’est sympa ! Au final, on est autant là pour eux que pour la musique.

  • Tout à l’heure j’étais fière d’eux. C’était pas compliqué mais ils ont joué ce que je leur ai appris, rebondit Pauline
  • Moi ils sont pas vraiment fiers d’eux. Mais ils progressent pourtant, commente Philippe
  • C’est frustrant s’ils ne progressent pas. Enfin les miens progressent et heureusement, parce que je ne serais pas satisfait si ce n’était pas le cas, conclut Mix ”

Les autres animateurs acquiescent. Finalement, on a tous à coeur la réussite de nos élèves. Et ça ça fait plaisir !

“- Mais tu vois, on facilite les choses pour qu’ils arrivent quand même à faire des trucs, déclare Pauline. J’essaie de transposer la tonalité du piano, ça permet qu’ils travaillent à l’oreille. Par exemple, avec Stand By Me: l’original est en la, mais sur le clavier on peut jouer en do et entendre en la. Donc il n’y a plus les 3 dièses à la clef, on joue que sur des touches blanches. Et ça, ça change la vie !!!”

Je suis ravi de voir l’enthousiasme de Pauline, on a tous envie qu’ils y arrivent !

“- Une fois qu’ils commencent à maîtriser, commence Philippe, j’essaie de leur faire comprendre les dessous de la musique. Je leur montre que les accords majeurs sont plutôt gais alors que les accords mineurs sont plutôt tristes. Et ils s’amusent vraiment de découvrir ces “petits trucs” ! En fait je pense que c’est à ce moment qu’on mesure vraiment notre impact, c’est quand on les voit s’enthousiasmer et vouloir en savoir plus. On a vraiment le sentiment qu’ils s’ouvrent et qu’ils aiment ce qu’ils font.”

A la fin de cette discussion, nos verres sont tous vides. Il commence à se faire tard, et nos rires ne parviennent pas à lutter contre le froid qui nous saisit. On s’embrasse chaleureusement avant de partir chacun de notre côté. Sur le chemin retour, je me dis que je suis ravi de constater le dynamisme des animateurs qui travaillent avec nous, et ça me redonne de l’énergie pour tout le travail qu’il nous reste à faire. Notre seul salaire, c’est ce dynamisme et cet enthousiasme que nous communiquent les jeunes qui nous poussent tous les jours à aller plus loin et à viser plus haut pour Musique pour Tous !”

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