Chapitre 1 – Louise prend ses marques

Lundi 3 Juillet – Cocody

Le temps passe vite à Abidjan. J’ai déjà passé cinq jours en Côte d’Ivoire, sans trouver le temps d’entamer ce journal de bord, que j’ai pourtant promis à Hugo.

Mercredi 28 Juin dans la soirée, j’atterrissais à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny en mission pour Musique Pour Tous pour ouvrir des ateliers de musique en Côte d’Ivoire à destination des enfants défavorisés, selon un modèle auquel nous croyons et qui a fait ses preuves en France ; de la musique ludique, collective, et surtout gratuite. Mon expérience personnelle et mes études m’ont convaincue depuis longtemps des bienfaits de la musique pour ceux qui apprennent à en jouer. La pratique du piano classique puis du jazz m’a renvoyé une image positive de moi-même qui m’a aidée tout le long de ma scolarité, et à l’époque ma très grande timidité n’a jamais réussi à entamer mon estime personnelle, si solidement enracinée dans la connaissance de mon instrument, que de nombreux amis disaient m’envier. Rétrospectivement, je comprends enfin que mon piano m’a armée pour la vie de confiance en moi, mais aussi d’ambition, de persévérance, de patience, et d’écoute. Mais je reconnais aussi bien volontiers que j’ai eu de la chance en somme, car la pratique de la musique, pourtant si belle et si bonne, est irrésistiblement élitiste. « La musique est un droit, pas un privilège », voilà notre conviction, voilà notre devise, et voilà l’objet de ma venue en Côte d’Ivoire.

Mais le temps m’est compté ; six semaines me sont imparties pour fédérer une communauté d’étudiants et de musiciens qui porteront le projet à mon départ, et endosseront la responsabilité de Musique Pour Tous Côte d’Ivoire. Cette mission, je la conduis seule sur le terrain (certes épaulée par une merveilleuse équipe depuis Paris), dans une ville inconnue, qui contraste avec tout ce que je connaissais jusqu’à présent. Abidjan s’étale sur 2900 kilomètres carrés, et se compose de diverses communes qui font parfois plusieurs fois Paris intra-muros. Pour aller de l’une à l’autre, des taxis individuels, des taxis partagés (woro woro) qui ont en général leur propre itinéraire ou des camionnettes (gbaka) qui font office de bus et qui ont des horaires imprévisibles. Pour s’en sortir dans ce réseau de transport, il faut être initié aux lieux, aux prix, et ne pas avoir peur de s’assoir sur une banquette sans ceinture, à l’arrière d’un véhicule qui brûle les priorités et parfois les feux, et qui file à toute allure dans une circulation chaotique où tout le monde veut passer le premier.

Heureusement depuis mon arrivée, les volontaires Ivoiriens et Français que j’ai rencontrés sont d’une aide précieuse pour comprendre le fonctionnement de ce réseau complexe et informel. C’est aussi grâce à eux et à leur réseau que petit à petit j’entre en contact avec des ONG et des associations étudiantes qui partagent l’engagement caritatif de Musique Pour Tous. C’est notamment grâce à l’association Léo Lagrange et à France Volontaire que je prends mes marques ici, et que je peux travailler dans de bonnes conditions.

Je vous ai écrit ces quelques lignes le temps d’une connexion internet, puis je repars sur le terrain pour finir ce que nous avons commencé ! Promis, je vais essayer d’être plus régulière sur les journaux de bord…

 

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